Pommeraye. Les sœurs co-construisent l’avenir de leur maison-mère
« Ce n’est déjà pas dans notre vocation d’être un îlot replié sur lui-même. Pas question que ça le devienne quand toutes les sœurs auront disparu. Voilà pourquoi nous voulons réfléchir au futur de notre site avec les acteurs du territoire autour. » Vendredi 22 mars, au centre spirituel de La Pommeraye, commune déléguée de Mauges-sur-Loire (Maine-et-Loire) les sœurs de la Providence invitent à un forum tous ceux qui auraient un projet, voire juste une idée, sur la manière de faire évoluer la maison-mère de la congrégation.
Anticiper pour les 20 ans à venir
Ce qui représente un patrimoine de 4 ha de parc et 13 000 m² couverts, dont le tiers est actuellement inoccupé.
Supérieure générale, Marie-Annick Caniou a la voix assurée de ceux qui voient la route à suivre, mais l’ont beaucoup cherchée. « J’ai commencé à me poser la question du devenir il y a des années. Nous avons beau être religieuses, nous sommes aussi dans le réel. Boucler le budget devient très compliqué. Le fonctionnement de la maison-mère, c’est un million d’euros par an. Les retraites des sœurs ont remplacé leurs salaires et ça fait moins. Elles ne sont plus que 40 ici, et les deux tiers ont plus de 80 ans. »
« Même si la communauté a quelques années encore devant elle » , sourit François-Guillaume De Broucker, le directeur (laïc) du site, ses membres actuels ne survivront pas à la congrégation. D’où la nécessité d’anticiper dès maintenant pour les 20 ans à venir, au moins.« C’est-à-dire savoir ce que nous voulons transmettre tout en continuant de vivre ici » ,ajoute sœur Marie-Annick.
Les lignes rouges sont d’ores et déjà définies : garder au lieu sa vocation spirituelle de tradition carmélitaine (silence et prière), sa mission d’accueil dans la diversité mais en priorité des plus fragiles, et son côté « poumon de verdure » .
200 religieuses en France, dont 40 au siège
Quand, au début du XIXe siècle, une jeune fille du bourg, Marie Moreau, rassemble des jeunes filles autour d’elle pour aller faire le bien et accompagner les plus faibles, il n’y a rien.
Reconnue en 1825, lorsque Marie Moreau prononce ses vœux, la congrégation s’ancre par étapes, bâtissant sur place, mais essaimant ses religieuses au cœur du monde, dans des communautés intégrées aux populations, ses membres exerçant divers métiers (enseignement, santé, social…). Aujourd’hui, 200 sœurs vivent en France, et une centaine dans une dizaine d’autres pays.
Le non-renouvellement des vocations, le vieillissement des religieuses expliquent la création d’un Ehpad (1) en interne jusqu’à la fusion, en 2011, avec un autre établissement proche, générant de nouvelles constructions totalement indépendantes et du coup la vacance d’une partie des locaux.
Le centre d’accueil de groupes (60 chambres, 99 lits), souvent issus de mouvements d’Église, fonctionne bien, en hébergement et restauration (20 000 repas par an). La prise en charge des religieuses très dépendantes par le nouvel Ehpad, à la gestion indépendante, a d’autant soulagé les finances de la congrégation.
Un modèle économique, fidèle à la mission
« Tout cela ne dispense pas de la recherche d’un nouveau modèle économique » ,reconnaît sœur Marie-Annick. « En lien avec un territoire dont on sait les besoins, notamment dans les domaines de la santé, du handicap » , complète François-Guillaume De Broucker.
La communauté elle-même montre la route. « Quand la congrégation accompagne ses 40 sœurs très âgées mais non dépendantes, elle fait déjà de l’habitat inclusif. » Une étape sur le parcours de santé qui rend plus facile leur entrée en structure médicalisée, c’est-à-dire tout à côté. « C’est l’Ehpad qui nous le dit. »
Vendredi 22 mars, 9 h à 12 h 30, au centre spirituel de La Pommeraye. Ouvert à toute personne intéressée.
(1) Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes.