« Rejoindre la fragilité c’est reconnaître l’humanité »

Chez Consol et Cie, nous avons à cœur de nous mettre au service des fragilités. Nous faisons du consulting solidaire. Mais dans la pratique ça donne quoi ? Entretien (inspirant) avec Hélène Anselme, l’une des figures de l’équipe, qui est aussi bénévole d’accompagnement en soins palliatifs.  

Hélène, pour toi ça représente quoi la fragilité ?  

 

C’est tout ce qu’on ne veut pas voir, tout ce qu’on cache, et pourtant c’est ce qui fait partie intégrante de notre humanité. La fragilité c’est aussi ce que l’on juge parfois négativement : le handicap, la vieillesse, la pauvreté, la maladie, la misère etc. Mais selon moi c’est surtout ce qui nous permet de nous connecter les uns aux autres. Car on a tous nos fragilités, visibles ou pas !  Partager ses fragilités peut parfois créer plus de liens que montrer nos forces. Nous vivons dans la société des apparences : tous beaux, en bonne santé, indépendants, jeunes et en forme ! Il est certain que nous subissons une réelle pression de ces modèles-là. Accueillir et servir la fragilité permet de découvrir l’autre sous un autre regard, celui de notre humanité commune.

« Partager ses fragilités peut parfois créer plus de liens que montrer nos forces »

 

Se mettre au service de la fragilité ça donne quoi dans ta vie et ton travail de consultante solidaire ?  

Concrètement, c’est aller à la rencontre et me rendre complètement disponible et présente à celui ou celle qui est en face de moi : l’écouter, être vraiment là pour l’autre, être moi-même et me présenter telle que je suis.

Côté travail, chez Consol et Cie, servir la fragilité c’est lorsque nous accompagnons des structures qui elles-mêmes prennent soin de publics fragiles : personnes âgées, personnes porteuses de handicap, protection de l’enfance etc.

Et dans mon engagement bénévole, c’est la même chose : être vraiment là, être présente à l’autre. On arrive avec ses schémas, ses idées et puis d’un coup les masques tombent. Je suis une fois entrée dans la chambre d’une dame âgée et malade… elle était dévêtue. Ce fut pour moi un choc de voir son corps vieux et fragile. Sa peau usée, sa féminité de 90 ans… Mais cette confrontation fut un enrichissement, un vrai cadeau.

Chaque découverte m’apporte de la connaissance sur l’autre, sur l’être humain dans sa globalité, et donc sur moi-même. Je continue de m’interroger sur qui je suis et ce que nous faisons sur terre. Grâce à ces rencontres, j’ai l’impression d’avancer.

 

Fragilité et performance, ça peut se conjuguer dans le travail ?

Oui parce qu’il y a une histoire de compétences. La finalité reste le service aux autres mais on a besoin d’être performant pour mieux répondre aux besoins du monde.