[Billet d’humeur] Le sens du travail en 3 minutes

Le sens du travail en 3 minutes ? Ce n’est pas un challenge, c’est un gage pour ce premier billet d’humeur ! 

En même temps, j’aime passionnément ce sujet. Je suis enthousiaste de vous partager quelques questions supplémentaires afin d’explorer la complexité du thème.

Tout d’abord, une première question : le sens au travail ou le sens du travail ? Quand je vois les pubs qui explosent sur les promesses d’être rentier en cinq ans. Ou encore tous les jeunes qui foncent sur le dropshipping (technique qui réinvente le négoce mais en ligne) avec évidemment la promesse de faire fortune. Je reste interrogatif. Le travail serait-il un mal à éviter ? C’est une perspective utopique. Un monde renouvelé qui place le bien de l’homme et de la planète au cœur de nos enjeux en mettant de côté le dieu argent. Quel paradoxe !

De mon côté, je vais garder l’espoir que le travail est une opportunité merveilleuse de grandir. Grandir individuellement, grandir collectivement avec un groupe de personnes différentes et encore grandir ensemble pour construire un bien pour notre société.

Alors si le travail a du sens, comment trouve-t-on le sens au travail ?

Comment ? C’est la recherche d’un équilibre, un mouvement permanent, comme un funambule sur sa corde. Pour alimenter la réflexion, je vais vous partager différents comportements que j’ai pu observer et qui témoigne de cette recherche. Mon premier souvenir est un candidat venu il y a quelques mois chez consol. Salarié d’un grand groupe de conseil en région parisienne, il est venu dialoguer avec nous entreprise de conseil de l’ESS. Son but était de retrouver du sens en se mettant au service de dirigeants et d’équipes variées sur les questions d’équilibre entre sens et performance. Malgré un bon début, au fur et à mesure de l’échange, d’autres aspirations apparaissaient. Son domicile sera loin du bureau pour une vie à la campagne. Au moins un jour de télétravail par semaine ou bien deux c’est mieux. A minima un mois de congés l’été même sans salaire pour vivre des aventures du bout du monde en famille. J’ai gentiment freiné la liste à ce moment-là. Je ne peux que ô combien comprendre ces aspirations magnifiques. Mais cette recherche de bien-être, exigeante, est incompatible avec l’accompagnement de nos clients. Les questions d’action sociale, de transformations sont souvent urgentes et engageantes pour tous leurs écosystèmes. Sens au travail et bien-être ne se confrontent pas, mais l’équilibre est plus simple à trouver quand on appelle un chat un chat. Je pense aussi au fameux « quiet quitting » (« démission silencieuse” en français). Cette nouvelle tendance dans le monde du travail consiste, pour les salariés, à rester en poste tout en faisant le strict minimum : pas d’heures supplémentaires, pas de nouvelles responsabilités. Une volonté de mieux séparer la vie professionnelle de la vie personnelle qui touche particulièrement les moins de 30 ans. Je laisserai en réponse à la question une autre question : peut-on trouver du sens sans responsabilité ? Vous savez, celle du travail personnel réalisé avec cœur aussi petit soit-il. Comment vivre une responsabilité sans engagement ?

Si, sur le comment nous voilà avec des questions en plus, alors c’est peut-être plus facile de répondre à la question où ? Est-ce plus facile de trouver du sens dans certains métiers plutôt que dans d’autres ?

Et bien d’un premier regard, sans suspense, la réponse est nulle part visiblement. Du soin au commerce, de l’action sociale au secteur des nouvelles technologie tous les secteurs sont en crise. On part, on change, on revient, on fait des césures. Je vais citer une accompagnante d’enfants en situation de handicap en IME sur le départ. Elle disait : « Je veux retrouver du sens dans mon travail. » Intérieurement je me disais : ‘Glups ça ne va pas être facile.’ Je me tourne vers certaines entreprises qui foncent dans des travaux de valeurs ou de missions avec des outils plutôt qu’une véritable volonté de changer. Elles ne font que renforcer le manque de conhérence entre ce qui est affiché et ce qui est vécu. Démotivant pour les équipes ! Donc nulle part, je vous dis. Sauf, qu’en en reprenant ces exemples, que ce ne soit pas seulement la mission ou le type de métier qui détermine le sens mais la façon de le réaliser. Si on est personnellement en phase avec ses talents, si on a le privilège de vivre fréquemment le fait que nos talents ne s’expriment pleinement qu’en complémentarité avec les autres et qu’ensemble on porte un regard commun sur notre action et son impact sur la société ; alors le sens ne serait pas nulle part mais il serait possiblement « presque » partout. Attention, j’ai dit presque !

Pour conclure, je vais citer un participant à une rencontre que nous avions organisé avec Lazare et consol sur le thème le sens au travail entre des personnes dirigeantes et des gens ayant connu la rue. L’un deux qui avait une grande expérience d’errance nous a dit « Il y a quelques années j’étais dans la rue, je me sentais inutile pour tous, je voulais mourir. Aujourd’hui j’ai la chance d’avoir un travail, je me sens utile, je suis attendu par les autres le matin et on se fait du souci pour moi si je suis en retard, cela me donne des ailes et j’essaye d’apprendre tous les jours pour mieux faire et, aujourd’hui je parle devant des patrons qui me demandent mon avis ? c’est génial. »

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Pierre-Georges Schmieder-Bergantz

Pierre-Georges est associé fondateur de Consol et Cie.
Avec 20 ans d’exercice de direction managériale et opérationnelle dans différentes organisations et 15 ans d’engagement dans l’action sociale de proximité, il a développé une expertise dans l’accompagnement des dirigeants sur les sujets de gouvernance et de transformation. Il est également président de l'association Simon de Cyrène Anjou.

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