[Billet d’humeur] La RSE & les jeunes

En ce moment, les études fleurissent sur la mobilisation des jeunes avec les dynamiques RSE (responsabilité sociétale des entreprises).

Une étude tourne en boucle sur les réseaux sociaux. Vous me l’avez aussi partagé, celle d’Universum.

Chouette ! Voilà une occasion de me défouler sur un exemple, qui, selon moi, est de la désinformation.

 

Je vous partage le titre : «Universum révèle aujourd’hui les noms des employeurs perçus par les jeunes diplômés comme étant les plus engagés en matière de RSE. » Première info, l’étude est menée par une entreprise de communication. Elle accompagne des entreprises sur la marque employeur et relève bien le défi de communiquer pour mieux attirer le chaland. Au moins, là-dessus, ils sont bons ! Leur enquête est partout sur les réseaux sociaux.

 

Alors, qu’elles sont les révélations de cette enquête ? Que contient ‘elle ? Et bien, en substance elle interroge 600 jeunes post bac+5 et 600 jeunes actifs contactés via des questionnaires en ligne. Elle dévoile que le levier RSE qui intéresse plus les répondants serait celui du bien-être au travail pour 57%. Alors certes, cet élément les concerne directement, car bien évidemment, c’est un élément clé.

 

Mais attention, ici, nous ne sommes pas fondamentalement sur de l’altruisme. Voici une autre mesure déroutante de cette enquête. En effet, 62% des répondants ne croient pas à la véracité des engagements annoncés par les employeurs. Encore mieux, pour 73% des interrogés, si la rémunération est intéressante, la dynamique RSE ne rentre pas vraiment en ligne de compte. Donc, la révélation, si on en croit cette étude, c’est surtout que ce qui intéresse les jeunes c’est leur bien-être, le reste c’est de la poésie. Voilà qui est réjouissant ! Alors pardon aux stagiaires qui ont réalisés cette enquête. Pardon, à celles et ceux qui la relayent. Mais, nous faisons circuler une information partielle. Elle interroge autant qu’elle nous plonge dans un cynisme qui m’attriste. Véritablement, elle ne mérite pas un like ou un repost en tous cas.

 

Il y a t-il d’autre étude ou sondage inspirant en ce début d’année ??? Mais oui !  Nous avons tous la volonté de voir ce qui se passe au-delà d’une caricature simpliste d’une société individualiste. Je vous propose donc une autre enquête réaliste invitant à la réflexion. Réalisée par la fondation Jean Jaures et l’IFOP elle revient sur la manière dont la crise sanitaire a modifié nos façons de vivre, de consommer et de travailler. Elle a accru la valorisation du temps libre et de la sphère privée. Plus précisément, elle a impacté la motivation et le rapport à l’effort des individus.

 

Ce que je retiens ! 40% des jeunes sont moins motivés qu’auparavant. Cette enquête corrobore l’hypothèse d’une fragilisation psychologique et mentale accrue. Ici, encore 40% des jeunes ne se sentent pas prêt à affronter leur quotidien.
Les résultats pointent la question de la capacité à générer un effort et à accueillir la frustration. L’illustration du rapport au domicile et la difficulté de sortir de chez soi est encouragé par l’offre grandissante des services à domicile (53% se disent régulièrement touchés par une flemme de sortir de chez eux dont majoritairement les 35-49 ans). L’importance du travail passe de la deuxième place des priorités en 1990 à la 4ème derrière la famille, les amis, les loisirs.

 

La question est pour moi de proposer les conditions favorables dans nos organisations. Il s’agit de renouer engagement et plaisir et ne pas les opposer. Je repense à ces jeunes entrepreneurs que j’accompagne et qui après une rencontre avec des personnes très éloignées de l’emploi m’ont dit « c’était épuisant, on n’était pas confort. Ce n’est pas notre truc, on le refera pas » Je leur ai posé la question : « Est-ce que vous pensez que cela a été utile ? » « Oui mais on n’est pas sûr. » m’ont-ils répondu. On a reparlé de la question de cet effort et de la volonté d’immédiateté de l’action. Ils réfléchissent, mais j’espère qu’ils vont se redonner une chance. Je ne pense pas que ce soient les rencontres les plus faciles et les plus agréables qui sont les plus riches. Osons proposer les conditions favorables qui font renouer engagement et plaisir au travail ! Soyons plus ambitieux que la simple qualité de vie au travail !


Je pense à trois clefs d’action :

Image de Pierre-Georges Schmieder-Bergantz

Pierre-Georges Schmieder-Bergantz

Pierre-Georges est associé fondateur de Consol et Cie.
Avec 20 ans d’exercice de direction managériale et opérationnelle dans différentes organisations et 15 ans d’engagement dans l’action sociale de proximité, il a développé une expertise dans l’accompagnement des dirigeants sur les sujets de gouvernance et de transformation. Il est également président de l'association Simon de Cyrène Anjou.

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