[Billet d’humeur] L’inclusion

Je vous partage ma définition de l’inclusion. C’est permettre à chacune et à chacun de participer pleinement à la société. C’est l’occasion de porter un nouveau regard sur la différence de façon plus générale sur nos propres fragilités. C’est surtout une chance de dépasser nos représentations et nos peurs. D’un point de vue légal, c’est à minimum 6 % de collaborateurs en situation de handicap dans les entreprises de plus de 20 salariés. Bref, si vous gérez 20 salariés, vous avez au moins un travailleur en situation de handicap. En réalité, 70 % des entreprises ne remplissent pas cette obligation. Elles s’en acquittent via une cotisation. Le verre à moitié plein. Pourtant, les choses bougent de manières positives. Car aujourd’hui, cette thématique est abordée dans quasiment toutes les organisations, même si elle n’est pas forcément mise en œuvre. Ainsi, certaines entreprises se sont emparées de la question de l’inclusion de façon incroyablement efficace.

 

Verre à moitié plein… Y aurait-il un bémol ?

 

Oui, le sujet est complexe car il nécessite du temps de réflexion. Je repense à toutes ces expériences plutôt malheureuses, où, une dirigeante ou un dirigeant a mis en œuvre un projet d’accueil en faveur d’une personne en situation de handicap dans son entreprise. Une volonté souvent individuelle, dont le collectif ainsi les équipes se sont retrouvés à gérer des tensions. Elles ont eu à faire, je cite : « le projet du patron ». Un contexte évidemment complexe pour la personne en situation de handicap qui n’a pas les conditions favorables pour développer ses compétences. Il en résulte, bien évidemment, des frustrations dans les équipes à propos des différenciations de traitement dans l’organisation. Étant un peu taquin, je vous partage qu’il est tout aussi difficile de demander à des employeurs ordinaires de réussir là où certaines entreprises adaptées échouent. Car, oui, certains travailleurs en situation de handicap sont en échec dans des entreprises adaptées pour des raisons de productivité. J’ai reçu des témoignages concrets à ce sujet. Être en situation de handicap et ne pas pouvoir continuer à travailler dans en milieu adapté par défaut de productivité, c’est vraiment un coup dur !

 

Je crois que vous avez participé à une initiative concrète. Pouvez-vous nous la partager ?

Volontiers ! Au sein du comité Simon de Cyrène, j’ai pu rencontrer des parents et des équipes touchés par la détresse de certaines personnes en situation de handicap. Ces derniers expriment le sentiment d’être inutiles et d’être démunis face au temps qui passe sans d’autres activités que de l’occupationnel. La décision a été de mener une enquête sur toutes les réponses existantes sur le territoire angevin. Résultat, il y a bien des initiatives mais vers un retour à l’emploi en milieu ordinaire, uniquement. La barre est souvent très haute, trop haute pour les personnes concernées. Alors, nous avons conjointement entre Simon de Cyrene et Consol et Cie, développé la création d’un collectif de personnes en situation de handicap. Ensemble, ils souhaitaient développer leurs compétences et participer à une nouvelle initiative. Cette perspective s’est écrit à dix mains. Je vous la partage. « Nous voulons permettre à chacun de grandir en humanité, à travers l’engagement des personnes cérébraux lésés dans des activités utiles au cœur de la société. » Nous avons travaillé avec ce premier collectif, réaliser un accompagnement de leurs talents individuels et discerner avec eux les circonstances nécessaires à l’exercice de leurs atouts. Nous avons ensuite formé des structures susceptibles de les accueillir. Ce temps a été ouvert aux entreprises et aux associations. Finalement, il a surtout attiré des associations. Oui, notre postulat était que les activités utiles au cœur de la société peuvent être bénévoles ou salariées. En effet, cette forme d’engagement professionnalisante peut-être, pour certaines et certains la première marche d’un retour en emploi en entreprise adaptée ou en milieu ordinaire. Cette initiative nous permet aujourd’hui d’envisager un projet adapté pour quasi chaque personne de ce collectif. Deux accompagnements continueront de nourrir la vie de ce projet. L’accompagnement du collectif de personnes en situation de handicap sera suivi régulièrement avec le bilan de leurs expériences, bénévoles ou salariés. En gros, là où leur histoire professionnelle est faite de hauts et de bas, il s’agit pour eux d’avoir une continuité d’accompagnement à propos de leur singularité professionnelle avec l’appui d’un accompagnant évidemment, mais aussi celui du collectif. Pour nous, l’essentiel c’est l’accompagnement des organisations accueillantes. Elles bénéficient de compétences nouvelles pour revisiter les regards sur la fragilité dans leurs propres systèmes. Par exemple ; là où certaines tâches peuvent sembler rébarbatives, pour d’autres, elles sont source d’un épanouissement profond. « Je rêve de faire du tri ! » me disait récemment une des personnes du collectif. Il avait une intensité dans le regard vraiment très inspirante. Dans une autre organisation, j’ai aussi été témoin de l’accueil d’une personne en situation de handicap. Ce moment est venue croiser la thématique de l’écoute entre collaborateurs sur la question des aidants et du deuil. En résumé, tout ce que nous pouvons rencontrer à titre personnel réinterroge l’équilibre de nos vies. C’est là pour moi le sens véritable de l’inclusion, une magnifique opportunité de réciprocité.

Image de Pierre-Georges Schmieder-Bergantz

Pierre-Georges Schmieder-Bergantz

Pierre-Georges est associé fondateur de Consol et Cie.
Avec 20 ans d’exercice de direction managériale et opérationnelle dans différentes organisations et 15 ans d’engagement dans l’action sociale de proximité, il a développé une expertise dans l’accompagnement des dirigeants sur les sujets de gouvernance et de transformation. Il est également président de l'association Simon de Cyrène Anjou.

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