Aujourd’hui, j’aimerais évoquer un paradoxe qu’on observe aujourd’hui : d’un côté on entend énormément parler de la QVT, du bien-être et bonheur au travail. D’un autre côté il n’y a jamais eu autant de maladies socioprofessionnelles chez les salariés (burn, bore out). Je ne sais pas vous mais moi ça me questionne.
En tout cas, ça montre en creux un écart entre ce que vivent les salariés et la réponse apportée.
Alors, je vous partage quelques pistes de sortie d’une QVT mal placée et quelques éclairages pour lui donner redonner sa place.
1. Une première piste serait de « sortir de l’illusion de l’injonction au bonheur au travail ». Comme dit Julia de Funès : le bonheur c’est impossible à définir en tant que tel, c’est une affaire privée, personnelle et évidemment qui dépend aussi d’autres personnes externes à l’entreprise. Moi, cette injonction au bonheur portée par certaines entreprises, cela me crispe. Il y a même des postes qui sont appelés des Chief Happiness Officer. Cette injonction peut engendrer chez certains salariés en difficulté une forme de culpabilité accrue, qui les amènent à se sentir encore moins bien.
2. Une autre piste « dépoussiérer la QVT ». Je vous pose la question : quand vous entendez qualité de vie au travail, service qualité, qu’est-ce qui vous vient à l’esprit ? Une montagne de paperasserie, un service qualité cloisonné ? Une énième procédure placardée dans les couloirs ? Bref il est peut-être temps de mettre de la vie et du collectif dans la dynamique QVT !
3. Une 3e piste de sortie, c’est le « stop aux vernis de surface ». On voit beaucoup d’entreprises qui offrent à leurs salariés des agréments qui sortent du cadre du travail stricto sensu. Ping Pong, yoga, fruits bio à gogo …. Alors évidemment je n’ai rien contre le Ping Pong, au contraire, j’aime beaucoup le ping Pong mais je ne peux m’empêcher de penser à l’expression des empereurs romains « panem et circenses », du pain et des jeux pour divertir le peuple. Et ainsi éviter ainsi les sujets qui fâchent plus complexes. De l’agrément pourquoi pas mais surtout ne pas s’en contenter !
Alors, que faire ? peut-être recentrer la QVT sur ce qu’elle est fondamentalement, le cadre du travail. D’ailleurs c’est l’objet de l’Accord National interprofessionnel du 9 décembre 2020. Il a même fait évoluer l’acronyme en QVCT. Il s’agit de montrer que la qualité de vie au travail « vise d’abord le travail, les conditions de travail.
Je retiendrais ces différentes pistes :
- Travailler réellement à améliorer les conditions de travail et à limiter les TMS, troubles musculosquelettiques. Ceci en s’appuyant sur les innovations technologiques et process industriels performants, des Outils de travail plus ergonomiques …
- Simplifier et alléger ce qui peut l’être : réunions inutiles, lourdeurs de certaines procédures dont le sens n’est pas perçu.
- Impliquer collectivement les salariés sur ces sujets de QVT et tenir compte de la temporalité et des profils des salariés.
- Avoir un cap partagé et incarné dans l’entreprise.
- Développer l’autonomie qui croise la question de la responsabilisation et de l’engagement. Ça implique une prise de risque, nécessite de la confiance et une dynamique managériale en cohérence.
Et peut-être là seulement, on pourra parler d’un bien être ou d’une forme de bonheur au travail en tant que conséquence du travail réalisé, et non en tant que condition.
Claire de Firmas
Claire est consultante chez Consol depuis 2018.
Spécialiste des enjeux de transformations organisationnelles et managériales.
Ingénieure agronome passionnée par la systémie, après 10 ans de gestion de projet en entreprise, elle a décidé de passer un CAFDES, et a exercé différents postes de direction opérationnelle en établissement médico-social (ESAT, IME) avant de rejoindre Consol et cie.