[Billet d’humeur] L’entreprise libérée

Bonjour ! Tout d’abord merci, de me libérer. Je suis une nouvelle collaboratrice chez Consol & cie. Je sors d’une prise d’otage de 8 mois de formation en science de gestion après une captivité professionnelle de 20 ans dans le travail social. En rodage pour ce billet, je m’adapte et expérimente ce qu’on nomme dans le jargon le principe d’agilité. Pour ce sujet les entreprises Libérée ou libérante, c’est un concept d’organisation qui n’est pas nouveau. Mais le mot plait ! D’ailleurs Frédéric LALOUX, gourou du consulting a vendu son bouquin à des milliers d’exemplaires. C’est un joli jeu de l’oie, ludique pour standardiser un gabarit d’entreprise libérée. Sur ces principes, je me souviens d’une organisation à vocation sociale qui avait renommée son pôle Ressource humaine, en pôle libération des énergies. Histoire vraie ! Elle prônait l’innovation sociale. J’ai aussi cet exemple d’un ancien consultant qui s’est fait gentiment remercier par un vote à mains levées lors d’une réunion avec ses propres collègues. Ces deux histoires démontrent les dérives du sens sémantique du mot libérer pour définir les organisations. Franchement, au lieu de nous précipiter vers les grands mots pour conceptualiser le travail et les organisations, ne serait-il pas préférable d’observer en premier lieu les mains et le cœur de ceux qui les inventent et les réinventent tous les jours.

 

Et pour ce qui nous concerne ? Le secteur de l’aide à la personne ?

 

Pour le secteur de l’aide à la personne, regardons la créativité agile des aidants qui vivent des situations difficiles. Et non, ce n’est pas une légende, Mme Michaud 85 ans, dans son appartement attend de pieds ferme son aide-soignante tous les matins à 7h. Et tous les matins, le temps est compté pour lui faire la toilette. Et tous les matins elle râle contre le soleil, la pluie, le vent, le pollen… bref. Il faut un sourire bien accroché et plusieurs cafés pour s’occuper de tatie Danielle. Il faut de l’humour et de l’amour pour détourner et réinventer cette situation redondante. Cette aide-soignante aurait toutes les raisons du monde de raccrocher sa blouse au bout de deux mois. Comment conjuguer ce joli paradoxe de l’amour du travail humain et de ses contraintes organisationnelles ? Je vous propose de scier les pattes du piédestal du mot libérer. Ce n’est pas un concept mais un principe d’action. Les organisations sont des micro-sociétés, elles doivent avant tout être délibératives. J’entends ici, pouvoir partager au sein d’espaces de discussion ce qui nous fait sens.

 

Alors, comment faire très concrètement ?

 

Deux axes : Osons créer des espaces dédiés aux échanges. Parler du travail c’est déjà travailler en soi. Ce temps est nécessaire pour les professionnels de première ligne. Oui, oui, il faut des lieux où on se sent libre de dire qu’on a envie de passer Mme Michaud par la fenêtre et même si elle habite au RDC ! Et cette parole parfois acide des difficultés du travail il faut pouvoir l’accueillir en prendre soin et la chérir. Donc, il faut libérer les agendas des managers qui passent le clair de leur temps à remplir des outils de gestion ou à courir après des injonctions dites urgentes. Et je vous assure remplir des plannings de 5 services sur Excel en même temps, ce n’est pas humain. Finalement, s’il y a bien quelque chose à libérer c’est du temps de partage et de rencontre de nos singularités au sein des organisations pour ensemble muscler notre agilité et notre créativité au travail.

Image de Marie Dupas

Marie Dupas

Marie consultante en devenir et manageuse opérationnelle de formation initiale. Elle a mis ses compétences au service de dispositifs d'action sociale au sein d'équipe de direction. Son appétence pour la complexité l'a mené à suivre une formation aux métiers du conseil et de la recherche en science de gestion. Inspirée par des méthodes innovantes, elle a pour fil rouge la participation collective pour répondre aux problématiques humaines des organisations.

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