[Billet d’humeur] Accepter la fragilité pour faire société

Aujourd’hui j’avais envie de vous parler de fragilité ; Fragilité ? vous allez me dire, drôle de thème ?

 

Avant tout, quelques mots pour définir la fragilité.

Avec Paul Ricoeur, philosophe Rennais, on peut distinguer au moins 2 niveaux de fragilité :

Un premier  niveau qui concerne la fragilité de la vie humaine : fragilité du corps mais aussi, fragilité affective, car l’homme est corps et âme.

Un second niveau, la fragilité des organisations et des sociétés

On pourrait rajouter la fragilité de nos écosystèmes et de notre maison commune, …Etc !

 

Fragilité : c’est d’abord une réalité humaine et universelle.

En effet, nous faisons tous l’expérience personnelle de la fragilité, même s’il y a des fragilités plus visibles selon les individus et les situations.

Les hommes et les femmes de tout type d’organisation (entreprise, association, public…) ne sont pas des super-héros. Ils sont comme tout le monde, avec leurs forces… et leur fragilité…  

Nos organisations et entreprises ne sont pas exemptes elles aussi de fragilité :  un changement de contexte externe soudain comme la crise sanitaire, une évolution du contexte légal, une concurrence accrue, une crise sociale interne, quelques exemples qui illustrent cette réalité bien présente au niveau des organisations.

 

La fragilité : une opportunité ?

Et oui, car Il ne s’agit pas de faire l’apologie de la faiblesse, mais de reconnaître ce qu’elle révèle ou peut permettre. Cette reconnaissance passe par la prise en compte des personnes avec leurs fragilités et ce qu’elles ont à nous dire et nous apprendre.

C’est Une opportunité en termes de relations humaines pour passer de relations de surface vers des relations authentiques. Quand l’autre ose partager sa fragilité, il y a un triple mouvement :

  • je le découvre en vérité
  • il me permet à mon tour d’oser le faire, et d’être ainsi plus véritablement moi-même
  • nous pouvons ainsi entrer en relation sans faux semblants

Cela contribue à de la considération réciproque et véritablement humaine. C’est un enjeu clé du management.  Et les attentes sont grandes de ce côté-là chez les salariés.

 

Une autre opportunité : la fragilité, vecteur de joie de la rencontre de l’autre : J’ai travaillé en ESAT et je me souviendrai toujours de Gérard, un travailleur porteur de trisomie qui saluait chacun de nous avec un sourire à décrocher la lune tous les matins.

 

Un vecteur de solidarité : Les fragilités très visibles dans notre société nous invitent à nous mettre en mouvement, à sortir de nos routines et cocons, à imaginer des actions pour un monde plus solidaire. On peut penser à l’exemple des cafés joyeux.

 

Enfin, accepter ses propres fragilités, c’est aussi reconnaître que je ne peux pas tout, que je suis dépendant des autres, que nous avons besoins les uns des autres. Comment faire société si nous ne reconnaissons pas la richesse de nos complémentarités ?

 

L’homme est fragile certes, mais cela veut aussi dire qu’il est capable de développement, voire de dépassement. Reconnaître cette capacité, la stimuler, donner si nécessaire une seconde chance, c’est ce que sait faire l’organisation qui respecte à la fois le potentiel et la fragilité de l’homme.

De même, c’est en reconnaissant les incertitudes, les tâtonnements, c’est-à-dire l’humanité et la fragilité de son organisation, que l’organisation pourra apprendre, se développer et se surpasser. Ainsi devenir adaptable et performante humainement et économiquement.

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Claire de Firmas

Claire est consultante chez Consol depuis 2018.
Spécialiste des enjeux de transformations organisationnelles et managériales.
Ingénieure agronome passionnée par la systémie, après 10 ans de gestion de projet en entreprise, elle a décidé de passer un CAFDES, et a exercé différents postes de direction opérationnelle en établissement médico-social (ESAT, IME) avant de rejoindre Consol et cie.